Il reste peu de grands espaces pour construire des projets immobiliers dans le Nord de Montréal. Pourtant, la population y croît très rapidement. Prenant conscience de cette situation, la municipalité de Terrebonne a voulu exercer un certain contrôle sur l’aménagement urbain des derniers terrains à construire. Elle a donc concocté le projet Urbanova qui mise notamment sur la préservation des espaces à grand potentiel écologique et une densification de l’habitat. C’est l’application tous azimuts des notions de nouvel urbanisme.

Ce projet, issu d’une volonté politique datant de 2006, se développe sur un immense territoire de 1220 hectares au sud de la ville. Coincé entre l’autoroute 640 et la route 344, le territoire a dû composer avec des contraintes de nuisances sonores causées par la 640 au nord. La zone en bordure de l’autoroute sera donc à vocation industrielle et commerciale alors qu’elle sera résidentielle au Sud. Entre les deux se trouvera la zone de conservation.

La surface préservée (qui a fait l’objet d’une caractérisation) sera très importante (38 %). Il y aura tout de même plus de 12 000 unités d’habitation (peut-être même plus), ce qui en fera un territoire peuplé de 35 000 habitants, une fois son développement terminé!

Le projet comportera plusieurs phases de développement et la construction s’échelonnera sur 20 à 25 ans, selon Daniel Sauriol, directeur de l’aménagement et de l’environnement à Terrebonne. « En ce moment, nous en sommes à la phase I, plusieurs kilomètres de rues ont été construits, le boulevard Urbanova a été réalisé, une école primaire et un CHSLD, dit M. Sauriol. On cherche à rehausser la performance écologique des bâtiments en collaboration avec les constructeurs. Les villes ont la responsabilité d’éduquer les constructeurs à ce sujet car c’est une notion nouvelle pour eux. »

Au terme de la phase I, 1200 logements seront construits. « Cela est 25% supérieur au nombre de logements qui était prévu au départ, dit M. Sauriol qui voit ce chiffre comme positif car cela annonce une densification accrue du territoire.

Grâce au plan directeur, adopté à l’automne 2011, on connaît les grandes lignes du projet. D’abord, il y aura 463 ha de territoire protégé dont 161 ha est composé de milieux humides, de cours d’eau et de bandes riveraines protégées par la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE). « Dans le projet, le drainage des eaux pluviales se fera sur le site même, grâce à l’aménagement de jardins pluviaux et autres fosses de rétention, affirme Daniel Sauriol. L’excédent de l’eau sera acheminé vers les milieux humides. L’égout pluvial ne sera donc pas surdimensionné. Notre défi consistera toutefois à alimenter en eau ces zones humides. »

Une attention particulière a été accordée à la protection des milieux fragiles. « Les bandes riveraines seront de 30 mètres de chaque côté des cours d’eau (ce qui va au-delà des exigences règlementaires) et de 100 mètres autour des zones humides, poursuit M. Sauriol. Le talus qui traverse le site d’ouest en est sera préservé en totalité. Les constructions tiendront compte de la topographie, ce qui minimisera les déblais et remblais. »

Pour encourager les promoteurs à adopter des technologies vertes, un système de pointage de délivrance des permis, tel qu’il en existe un à Victoriaville, a été mis en place, selon Marc Léger, coordonnateur en développement durable et à l’environnement à Terrebonne. On l’appelle la grille d’écoresponsabilité. Cet outil innovateur est d’ailleurs en nomination pour le prix Mérite Ovation, dans la catégorie Environnement et développement durable, décerné par l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

Dans un espace aussi vaste (éventuellement dense et peuplé), un système de transport efficace est primordial. Aussi, « chaque unité ne sera jamais à plus de 300 mètres du transport collectif, dit M. Léger. Un réseau cyclable et piétonnier sera aussi créé. Pour éviter l’engorgement du boulevard Pierre Dansereau qui traversera le quartier d’ouest en est et de la route 344 au Sud, la circulation automobile sera dirigée vers l’autoroute 640 grâce aux trois axes nord-sud, prévus dans le projet. Enfin, un échangeur sera construit au-dessus de l’autoroute, à l’ouest du quartier.

Enfin, aspect important à souligner, le projet respecte l’esprit du Plan vert 2011-2016 de Terrebonne qui vise notamment à densifier le territoire et à préserver les espaces naturels à fort potentiel.

Une croissance démographique débridée

La Rive-Nord de Montréal connaît depuis plusieurs années la plus forte croissance démographique du Québec. Selon le dernier recensement de 2011, ce taux varie de 10 à 38 % selon les municipalités. Les grandes championnes de la croissance sont Sainte-Marthe-sur-le-lac avec 38,7 %, Mascouche, 26 % et Mirabel, 21 %. Les villes de Terrebonne et de Blainville où se situent les projets Chambéry et Urbanova ne sont pas en reste. Entre 2006 et 2011, la population de Terrebonne est passée de 94 700 à 106 300, une hausse de 12,3 %. Durant la même période, Blainville voyait sa population passée de 46 500 à 53 500, une hausse de 15 %.