Dans le domaine immobilier, il y a parfois des projets qui ne lèvent pas de terre. Il peut y avoir diverses raisons à cela : difficulté à écouler les unités en prévente, mésentente sur l'orientation à donner au projet, mauvais emplacement, mauvais concept, etc. Voici quelques exemples.

Le projet de l'ile Charron

En 2006, le promoteur Luc Poirier achète pour 6 millions de dollars un terrain de 20 hectares sur l'ile Charron. Son intention est de le développer. Le problème, c'est que le terrain a comme voisin le parc national des Iles-de-Boucherville. Plusieurs sont donc en désaccord avec un développement à cet endroit.  Un mouvement s'organise et remet au gouvernement une pétition de 20 000 noms pour empêcher la réalisation du projet. Un an plus tard, en 2007, le gouvernement met en réserve le terrain pour une durée de quatre ans.

En 2011, la mise en réserve prenant fin, le gouvernement fait une offre finale de 15 millions que Luc Poirier finira par accepter, après quelques négociations. Selon M. Poirier, un projet vert unique comptant 2650 logements, évalué à un milliard de dollars n'a pas pu se réaliser. « Mon projet devait se réaliser en plusieurs phases sur un horizon de 20 ans, dit-il. Il comprenait 18 tours entre 8 et 50 étages. Il devait y avoir de la géothermie, des toits verts, aucun stationnement extérieur, de l'éclairage au DEL, de la récupération des eaux grises. On prévoyait même produire notre propre électricité. J'aurais facilement obtenu une certification LEED, or probalement, pour ce projet. »

charron

Le Commodore

À Laval, un projet de deux tours de 28 et 30 étages, proche du pont Viau, ne verra peut-être jamais le jour. À l'arrivée du nouveau maire de Laval, Marc Demers, le projet a été suspendu. Depuis, le promoteur Construction Aldo a intenté une poursuite de 65 millions $ contre la Ville de Laval et celle-ci a déboursé jusqu'ici plus d'un million $ pour se défendre. Rappelons les faits. En 2007, Construction Aldo achète le terrain de 134 000 pieds carrés où se trouve depuis 1942 la marina Commodore. La même année, la Ville de Laval procède à un changement de zonage afin de permettre une construction de haute densité sur l'emplacement. Le promoteur propose ainsi deux tours de 28 et 30 étages qui auraient été les plus hautes de la Ville de Laval.

À l'été 2013, les résidants, inquiets de voir leur vue sur le plan d'eau complètement obstruée par ces tours, manifestent leur opposition au projet et font signer une pétition. Ils affirment ne pas avoir été consultés, que le changement de zonage s'est fait en catimini et que le projet ne respecte pas le plan particulier d'urbanisme qui exige d'avoir des édifices de hauteur régulière qui permettent de conserver une vue sur l'eau.
L'opposition, forte, finit par avoir raison du projet. En août 2014, Laval adopte un règlement pour empêcher toute construction sur le site de la marina jusqu'à l'adoption du schéma d'aménagement. Les deux phases du Commodore auraient totalisé 328 unités. Plusieurs aménagements étaient prévus : piscine, gymnase, terrasse, salle de réception, salle de cinéma, suites pour visiteurs, luxueux hall d'entrée, quais pour les bateaux et une marina resto-lounge prévue sur le terrain adjacent.

commodore

Le projet Univers

À l'angle des rues University et Saint-Jacques, un vaste projet mixte de 350 millions $ devait voir le jour. Le promoteur DevMcGill devait y construire 500 unités de condo, vendus entre 150 000 $ et 5 millions, alors que les propriétaires du terrain, le Mouvement Desjardins et MaGill Laurentienne, prévoyaient y construire des bureaux. Le projet qui comprenait deux tours filiforme de 30 à 45 étages avait été approuvé en 2011 par l'arrondissement Ville-Marie. Selon un article de La Presse du 3 décembre 2013, une baisse du marché des condos résidentiels et une mésentente entre les partenaires sur la façon de développer le terrain de 138 000 pieds carrés auraient mis fin au projet.

univers

Le projet Nodelo

Dans le quartier Charlesbourg de Québec, un écoquartier comprenant 1600 logements devait être construit. Le promoteur Sébastien Leboeuf en était le maître d'oeuvre. Coût estimé : 500 M $. Or, rapidement, le projet, séduisant sur plans, a suscité la controverse. L'organisme Vivre en ville a contesté le caractère vert du projet alors que le ministère de l'Environnement estimait qu'il entraînerait la destruction de 11 hectares de milieux humides. Des citoyens du secteur avaient aussi leurs exigences. Ils souhaitaient notamment l'établissement d'une zone tampon de 200 mètres en bordure de l'autoroute Laurentienne et la préservation des milieux humides. Face à tant de controverses, le maire Labeaume a annulé le projet en 2013. À l'automne 2016, on apprenait que le terrain avait été acheté par les Investissements Donerail de Sherbrooke. Le promoteur y fera un projet plus modeste. Il prévoit construire 230 résidences (coût : 50 millions de dollars) et préserver 44% de la superficie du terrain.

nodelo