L’hiver est arrivé. Quoi faire à Montréal durant la-saison-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ?

Nous avons tous déjà eu écho d’histoires au sujet des hivers à Montréal. Les gens en parlent en chuchotant, comme si la-saison-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom était un long tunnel sans fin dépourvu de toute lueur de lumière ou de bonheur.

Selon la légende, au cours de l’automne, lorsque tous les touristes ont déserté la ville, Montréal est dépouillée de sa tenue parisienne, exposant à la vue de tous sa charpente froide et dénudée. Le vent se met à souffler. Nous les Montréalais nous nous emmitouflons avec plusieurs couches de peaux de castor, puis nous nous retirons dans les caves situées sous nos appartements, ne ressortant que le temps de jouer une partie de hockey. Au mois de mars, nous émergeons de nos tanières, les yeux hagards, en murmurant « de la bouffe », de la bouffe »…

J’ai des petites nouvelles pour vous. La-saison-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n’effraie que les gens qui n’ont jamais passé un hiver à Montréal. Ça y est, je l’ai dit – hiver. C’est la période de l’année où nous, Montréalais, mettons en vitrine notre réputé pouvoir magique : tout ce que nous touchons se transforme en cool. Donc, vous pouvez nous stationner dans un banc de neige, nous envelopper dans 14 couches de vêtements, saupoudrer nos cils de neige, et nous arriverons quand même à faire paraître notre look glamour. Pas assez convaincant? Voici quelques-unes des autres choses enviables que les Montréalais font pour se garder au chaud durant l’hiver :

No 1. Aller à Igloofest

Igloofest

Heureusement, ce n’est pas dans un igloo que se déroule le festival Igloofest. Si c’était le cas, la chaleur collective générée par les gens qui y assistent ferait inévitablement s’effondrer le toit sur nos têtes (#festivalduchaos). Mais n’ayez pas peur! Igloofest se tient sur le quai Jacques-Cartier dans le Vieux-Port, sous le vaste ciel hivernal. Débutant cette année le 17 janvier et s’échelonnant sur quatre fins de semaine, ce festival comprend une grande quantité de DJ obsédés par la musique électro, de jeux de lumière psychédéliques, de bouteilles de bière et de verres de vin chaud. Ajoutez à cela un bar et des sièges faits entièrement de glace, ainsi que ce sentiment inestimable que vous avez lorsque vous faites bouger vos orteils dans vos petites bottes et que vous réalisez que le fait d’avoir pratiqué la danse de l’habit de neige toute la soirée les a réchauffés. L’an dernier, l’événement avait attiré plus de 60 000 personnes, dont la majorité portait fièrement une combinaison de ski « une pièce » aux couleurs fluo.

No 2. Gliiiisser

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Si vous tapez sur Google « activités hivernales Montréal » ou quelque chose du genre, vous obtiendrez une quantité ridicule d’infos sur la raquette. Je n’ai personnellement jamais vu quelqu’un faire de la raquette, donc je ne vous serai pas d’une grande utilité. Mais je vous conseille de vous rendre au parc La Fontaine pour patiner ou aller au mont Royal et vous en donner à cœur joie sur une traîne sauvage. En fait, pourquoi vous limiter? Montréal au grand complet est une montagne en soi. Il ne vous reste donc qu’à choisir une rue qui s’étend du nord au sud, vérifier s’il n’y a pas d’autos en vue et vous laissez glisser de la rue Sherbrooke jusqu’au boulevard René-Lévesque! Ou bien faites un bonhomme de neige, construisez un fort, achetez un chien de traîneau, peu importe. Vous réaliserez très vite que les journées les plus chaudes sont en fait les journées magiques où il neige. Alors, ne soyez pas grincheux – profitez-en au maximum!

No 3. Regarder le hockey

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Et lorsque vous aurez fini de glisser sur votre traîne sauvage ou de chercher ces fameux amateurs de raquette, revenez à l’intérieur, prenez-vous une bière, et regardez la game! Nous les Montréalais sommes peut-être de grands joueurs de hockey, mais ce que nous sommes encore plus ce sont de fervents téléspectateurs de parties de hockey. L’hiver pour nous veut aussi dire s’asseoir sur le divan devant la télé pour regarder le hockey, gueuler à cause d’une game de hockey, boire une bière, et gueuler encore plus fort à cause d’une game de hockey. Alors, encouragez les Canadiens de Montréal en compagnie de vos amis! Et si vous en avez la chance, allez le faire directement au Centre Bell. Vous ne trouverez jamais ailleurs des fans aussi fébriles et frénétiques.

No 4. Rester debout pour la Nuit Blanche

Nuit blanche

Au lieu de vivre exclusivement à l’intérieur, les Montréalais vagabondent souvent à l’extérieur en hiver comme ils le feraient en été. Voyez cela comme un genre de doigt d’honneur symbolique fait au froid. La nuit que tout le monde préfère le plus? La Nuit Blanche. Cet événement couronne le festival Montréal en lumière et dure de 18 h le soir jusqu’à 6 h le matin. L’édition 2013 aura d’ailleurs lieu le 2 mars. Rester debout toute la nuit n’est-il pas de toute façon une mode de Montréal? Ouais. Mais amenez votre mode de vie montréalais 2013 au prochain niveau et adonnez-vous à quelques-unes des 200 activités musicales, sportives et culinaires offertes à travers la ville durant cette nuit seulement. Le planétarium, suivi d’un peu de danse swing, puis d’une visite à une galerie d’art, d’un peu de natation et d’une pile de crêpes gratuite? OUI, S’IL VOUS PLAîT. Ou bien prenez le métro toute la nuit, juste parce que vous en avez la possibilité.

No 5. Pelleter

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« Quoi? », protestez-vous. « Ce n’est pas une activité ça! » Écoutez : c’est vous qui décidez. Soit vous faites comme Mary Poppins et vous voyez vos corvées comme des jeux amusants et vous vous accrochez à un parapluie pour vous envoler loin dans le ciel, ou vous ne le faites pas. Parce que d’une façon ou d’une autre, vous allez pelleter plus souvent que toutes les autres activités mises ensemble. Imaginez un peu : votre réveille-matin sonne à 6 h. Vous regardez par la fenêtre. « Hourra, de la neige! J’aime la neige moi », vous vous exclamez. « Oh, où est mon auto? Enterrée sous le banc de neige? Pas de problème. Je vais aller chercher ma fidèle pelle et la sortir de là! » [15 minutes plus tard] « Ouf, ahhh, que ça chauffe! Mes bras sont plus tonifiés, mon dos est plus fort, je ne me suis jamais senti aussi en vie! » Ou vous pourriez tout simplement payer quelqu’un pour pelleter à votre place et faire la grasse matinée tous les matins.

No 6. Retenir les services d’un messager à vélo pour livrer votre colis
Vous pensez que vous l’avez à la dure? Euh, non! Parce que peu importe ce que vous avez à faire durant l’hiver, comme le pelletage ou les 5 minutes d’attente à l’arrêt d’autobus pour aller travailler, rien ne serait pire que d’être un messager à vélo, le job suprême en matière de « je peux tout faire paraître cool ». Rien n’excite plus les messagers que le défi de passer à travers l’hiver. Pensez-y : ces gens parcourent plus de 50 km chaque jour afin de livrer votre colis malgré la glace, la grêle, le grésil et une température de -30 oc. Et le comble, c’est qu’ils le font en shorts et en t-shirt (je blague). Mais sérieusement. Ils ont mon respect. Ils bottent littéralement le derrière à l’hiver. Donc, si vous voulez vous sentir mieux, demandez à l’un d’eux de livrer votre colis et souriez alors qu’il disparaît dans le blizzard.

No 7. Faire le party comme si on était en plein été des années 90

Les Montréalais savent comment rester au chaud, ce qui implique surtout de maintenir une vie sociale de façon aussi compulsive qu’en été. Voici ma théorie entourant l’avènement de notre culture « on traîne à la maison » que vous ne trouverez pas dans d’autres villes. Si vous êtes à Londres ou à Dublin par exemple, tout le monde se rencontre au pub du coin. À Montréal, on traîne aussi dans les bars; sauf lorsqu’il fait si froid que vous commencez à barguigner avec vos amis pour savoir qui doit quitter le confort de sa maison pour que vous puissiez passer du temps ensemble. « Non, mon pote, je suis venu chez toi hier. C’est ton tour. » D’une certaine manière, ne pas se voir n’est jamais une option. Par conséquent, les gens hibernent en groupe d’amis qui s’échangent de la bouffe maison dans des pots Mason. Mais comprenez-moi bien. Si on apprend qu’il y a un party, et que quelqu’un connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui y va, nous y serons, c’est certain. Mais c’est chez moi qu’on prendra le premier verre.

No 8. Voyager à travers la ville souterraine : RÉSO

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Montréal est une île (je suis sûre de ne pas être la seule à l’avoir remarqué), ce qui veut dire que l’espace disponible est limité. Des gens ont donc eu l’ingénieuse idée d’augmenter le volume de la ville et de la rendre accommodante pour l’hiver en agrandissant par en dessous. En effet, il existe près de 32 km de corridors dans la ville souterraine de Montréal qui relient des endroits comme le Centre Eaton, le Centre Bell ainsi que sept stations de métro, beaucoup d’hôtels et des appartements. Fait intéressant : lorsque j’étudiais au Collège Dawson, j’avais une amie dont le complexe d’appartements était relié à la ville souterraine. Elle pouvait ainsi prendre le métro pour aller à l’école et ne jamais devoir sortir à l’extérieur. Elle n’avait même pas de manteau. Donc, si l’air frais vous répugne, c’est possible de l’éviter.

No 9. Améliorer sa grotte, ou en chercher une nouvelle

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Rien ne nous en apprend plus sur l’intensité de notre amour (ou de notre mécontentement) pour notre foyer que lorsque l’on est forcé d’y rester parce qu’il fait trop froid dehors. Pourtant, c’est l’occasion parfaite de de classer ses livres par ordre alphabétique, d’apprécier pleinement le nouveau papier peint de la salle de bain, et de songer à ses futures rénos assis sur le divan, emmitouflé dans une couverture, une perceuse à la main. Ou bien c’est le moment de réaliser qu’il n’y a plus rien à tirer de notre bicoque et qu’il serait plutôt sage de passer ce temps à flairer la trace d’une nouvelle et meilleure grotte pour hiberner durant les prochaines années. On sait tous que le 1er juillet est jour de déménagement national. L’hiver est donc la période parfaite pour déterminer ce que vous recherchez comme  maison ou condo. Soyez ainsi prêt pour le Salon national de l’habitation qui se tiendra du 8 au 17 mars 2013, à la Place Bonaventure, et où vous pourrez rencontrer des experts qui se feront un plaisir de vous aider à améliorer votre espace de vie, ou d'en trouver un nouveau.

No 10. a) Sortir de la ville

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Les banlieues de Montréal sont aussi des endroits amusants durant la saison hivernale. Croyez-moi. Je sais de quoi je parle. J’ai grandi là-bas. Par exemple, vous pouvez faire du ski, de la motoneige, de la planche à neige, du paintball, de l’escalade de glace et du traineau à chiens au Mont Tremblant. Vous aimeriez faire quelque chose de moins exténuant? Allez à la cabane à sucre! Le sirop d’érable étant un aliment de base dans la culture québécoise, nous célébrons la saison des sucres avec appétit chaque année. La saison est pas mal courte, ne durant qu’un mois environ aux alentours du mois de mars, mais ça vaut le coup de ne pas la manquer pour déguster de la tire d’érable sur neige, danser sur de la musique québécoise traditionnelle et pourquoi ne pas faire une petite promenade en traîneau tiré par des chevaux. La journée se termine habituellement avec une petite séance de natation dans d’immenses cuves de sirop d’érable. Croyez-moi. Je sais de quoi je parle. J’ai grandi là-bas.

No 10 b) Non, sérieusement. Sortir de la ville.

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Soyons réalistes. Tous nos grands-parents débarquent en Floride l’hiver. Un lieu qui grouille littéralement de vieux québécois. Donc, on ne vous jugera pas si vous vous évadez de la ville, mais gare à votre rhum durant votre absence.