La question d’habiter en ville ou en banlieue ne se pose plus comme avant. La banlieue s’urbanise de plus en plus alors que la ville s’humanise et devient de plus en plus verte!

Reste que la vie nous pousse parfois à devoir faire un choix, comme l’arrivée d’un nouvel enfant, le départ du plus jeune, un nouvel emploi ou la retraite qui approche.

L’important est de prendre une décision réfléchie et qui répond à la situation du moment. Voici quelques histoires pour vous inspirer ainsi que des conseils et astuces qui vous aideront à choisir pour le mieux. Et pour vous aider, nous avons regroupé le tout sous quatre critères.

1. Le prix

C’est souvent à cause du prix d’achat que les futurs propriétaires décident, parfois à contrecœur, d’ouvrir leurs horizons vers la banlieue. En effet, la différence peut être impressionnante, comme le démontre ce tableau comparatif de quelques secteurs de la grande région de Montréal.

Prix moyen d’une maison unifamiliale, 1er trimestre 2016

  • Ahuntsic/Cartierville: 531 748, en hausse de 21% sur cinq ans
  • Ouest de l’Ile - Sud: 482 493$, en hausse de 22% sur cinq ans
  • Brossard/St-Lambert: 404 897$, en hausse de 15% sur cinq ans
  • Blainville: 349 736$, en hausse de 11% sur cinq ans
  • Chambly: 324 786$, en hausse de 12% sur cinq ans
  • Ste-Julie/Varennes: 295 510$, en hausse de 12% sur cinq ans
  • Pointe Est de l’Ile: 288 624$, en hausse de 10% sur cinq ans
  • St-Jérôme: 220 013, en hausse de 8% sur cinq ans

Source: Centris.ca (http://cms.centris.ca/medias/publications/bar_20161_mtl.pdf)

Avec une telle différence, il n’est pas surprenant de comprendre pourquoi Jonathan et sa conjointe ont migré en banlieue après une dizaine d’années vécues à Montréal. «On aimait les quartiers de La Petite-Patrie et le Sud-Ouest, mais il n’y avait rien d’intéressant pour notre budget.» Ils ont finalement craqué pour une jolie maison à Sainte-Julie qui correspondait davantage à leurs finances.

- À lire: Le condo urbain s'invite en banlieue

Accéder à la propriété dans la troisième couronne

Francis Castonguay, programmeur-analyste dans une entreprise de Brossard, était locataire d’un condominium à Beloeil. Pour le célibataire de 39 ans, devenir propriétaire était une suite logique, un investissement. Cela dit, l’habitation en copropriété, avec ce que cela suppose de règles et de réunions, le fait plutôt pencher vers une maison unifamiliale ou jumelée. Il a d’abord cherché dans le coin où il habitait, mais les prix élevés des maisons l’ont quelque peu démotivé.

Des collègues qui avaient acheté à Contrecœur, près de Sorel, lui ont vanté ce secteur très dynamique dans le marché de la construction où l’on retrouve des habitations neuves à prix abordables.

Malgré des craintes à l’idée de s’éloigner davantage de son lieu de travail, Francis a visité tous les projets de construction de la région avant d’avoir un coup de cœur pour les Sentiers boisés, implanté sur les rives du fleuve. «La division intelligente de l’espace, les grandes fenêtres et l’attention portée aux détails de finition m’ont plu», commente le nouveau propriétaire.

CASTONGUAY

À cela s’ajoutent l’autoroute 30, des commerces et services à proximité, puis l’avantage d’une habitation neuve. «Acheter une maison de construction récente pour laquelle les anciens proprios ont investi dans l’aménagement paysager, le sous-sol ou la piscine a un coût.  Selon moi, cela revient plus cher que d’acheter une maison neuve pour la finir tranquillement, à mon goût, en étalant les frais.»

Le régime d'accession à la propriété (RAP) l’a aidé à acquérir une habitation jumelée de 1300 pieds carrés. Si l’aspect transport a d’abord fait peur à Francis, il constate après trois ans qu’il ne passe pas plus de temps dans sa voiture. «Je suis agréablement surpris par la fluidité des déplacements. Mon seul bémol est qu’il y a moins de commerces spécialisés dans mon nouveau secteur, alors j’ai pris l’habitude de faire quelques courses en partant du travail, raconte-t-il. Et puis, vivre dans une petite ville me convient parfaitement, j’adore la gentillesse des habitants de Contrecœur.»

À quoi ressemble le voisinage?

Valérie, quant à elle, a fait le choix de rester sur l’île de Montréal, mais d’adapter son rêve de la petite maison unifamiliale pour un duplex à Ahuntsic. «Le fait d’avoir un locataire nous aide avec les paiements de l’hypothèque, et on n’a pas besoin d’une deuxième voiture. Et j’ai pu avoir tout ce que je voulais: une cour, un potager et même un garage.»

Lorsqu’on considère le coût d’achat d’une résidence, il est  important de se poser aussi les questions suivantes :

  • À combien s’élèvent les taxes municipales et scolaires ? Ont-elles augmenté dernièrement ?
  • Ce quartier va-t-il prendre de la valeur avec les années ?
  • Faut-il prévoir des rénovations majeures dans les prochaines années ?
  • Quels sont les coûts d’entretien (chauffage, électricité, gaz naturel, etc.) ?
  • Combien faudra-t-il débourser pour les coûts accessoires : véhicule (ou deuxième véhicule), tondeuse, souffleuse, outils divers, aménagement paysager, asphalte, système d’alarme, etc.

Le bon truc :  Parlez avec un agent immobilier qui connaît bien le prix des maisons dans le quartier que vous regardez.

autobus

2. Le transport

Le deuxième point d’importance à considérer est le transport ou plutôt votre degré de tolérance face au voyagement.

Patricia déteste conduire. Il était donc inconcevable pour elle d’aller vivre dans un lieu où elle devrait prendre sa voiture (et, pire encore, se taper des embouteillages!) pour aller au travail. Son conjoint et elle ont donc opté pour un duplex à Verdun, près de la ligne verte du métro. «En plus, il y a plein de pistes cyclables près de chez moi, je n’ai presque plus besoin de prendre mon véhicule».

Lorsque Marie-Andrée et son conjoint ont emménagé à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, ils redoutaient que le temps de transport (une heure de train de banlieue) ne les irrite. Finalement, ils ont constaté que ces deux heures quotidiennes forment plutôt un moment de répit agréable où cette maman d’un petit garçon peut lire et se délasser avant d’attaquer son «deuxième shift».

Quitter Longueuil pour s’éloigner encore plus de la ville

Julie Trahan, son conjoint Sylvain et leurs deux enfants habitaient déjà la banlieue, à Longueuil, lorsqu’ils ont décidé de s’éloigner davantage de Montréal en 2007 en achetant une maison près du Mont-Saint-Hilaire.

«L’adaptation fut assez difficile la première année, d’autant qu’en plus de travailler à Montréal, nous avions toujours la garderie à Longueuil, mon autre garçon aux études et beaucoup de voyagements au quotidien, raconte Julie, mais nous sommes tombés en amour avec la maison.»

Ce qui a motivé leur éloignement? «En acceptant de traverser la rivière Richelieu, les maisons devenaient nettement moins chères. Nous avions d’un côté, à Longueuil, une maison âgée avec beaucoup de rénovations à venir, et de l’autre, à Otterburn Park, une maison plus récente qui correspondait à nos besoins (trois chambres à coucher, un terrain boisé) et à notre budget dans un secteur que nous trouvions très charmant. Le rêve de la compagne en ville.»

TRAHAN

Même si le couple a pu fonctionner plusieurs années avec une seule voiture, il demeure que s’éloigner demande de réorganiser sa vie à proximité, selon Julie Trahan. Leur fils de 24 ans a pris un appartement à Longueuil, ce qui facilite les études, et son conjoint et elle travaillent désormais sur la Rive-Sud, et ne regardent même pas les offres d’emploi «en ville».

Savoir s’adapter à un nouveau style de vie

«Nous n’allons plus que très peu à Montréal, confie Julie. Nous avons tout ce qu’il nous faut à proximité.»  Pour elle, avant de faire le saut, il faut bien évaluer le service de transport en commun offert par sa municipalité et l’autonomie qu’on est prêt à allouer aux enfants.

Voici les questions à se poser concernant le facteur «transport»

  • Aimez-vous conduire ?
  • Aimez-vous prendre les transports en commun ? train de banlieue ?
  • Comment réagissez-vous lorsque vous êtes pris dans un embouteillage ?
  • Êtes-vous toujours à l’heure ou êtes-vous plus dernière minute ?
  • Comment vous sentez-vous face à la conduite l’hiver ?
  • Avez-vous besoin de votre véhicule pour effectuer votre travail ou sera-t-il stationné de 9 h à 17 h ?
  • Est-ce possible (et pratique) de faire du covoiturage ?

Le bon truc: essayez de faire le trajet en pleine heure de pointe au moins une fois avant de conclure la vente.

3. Le réseau

Un des aspects souvent négligés dans le choix d’un milieu de vie est la proximité du réseau social. Et pourtant, ce critère est souvent cité comme valant son pesant d’or auprès des nouveaux propriétaires, surtout lorsqu’ils ont des enfants.

Jonathan le banlieusard et Valérie la citadine sont catégoriques : vivre près de leurs parents respectifs ajoute grandement à leur qualité de vie, surtout lorsqu’un enfant tombe malade.

La proximité des amis compte également. Les pharmacies ont beau clamer qu’ «on trouve de tout, même un ami» dans leurs succursales, essayez donc de demander au commis de passer chez vous arroser vos plantes durant vos vacances !

S’offrir une nouvelle vie urbaine… à Laval

Lorsque les enfants de Céline Ladouceur et Grazio Di Cristo ont quitté le nid il y a quelques années, la maison est devenue beaucoup trop grande pour le couple, à l’aube de la retraire. «Nous sommes en pleine forme, nous voulons voyager, c’est le temps d’aller vivre en condo!» nous résume la sympathique quinquagénaire. «Avec le temps, ma passion pour le jardinage est tombée, et lentement toutes ses corvées à l’extérieur sont devenues lourdes. Je crois qu’il y a un temps pour chaque chose et que le changement a du bon.»

LADOUCEUR

Changer, soit, mais pas pour n’importe quoi. Madame Ladouceur, et son mari qui travaille toujours à temps partiel, souhaitent demeurer à Laval où ils vivent depuis 29 ans. Cela leur permet de conserver le même carnet d’adresses, leur médecin de famille, leur coiffeur, etc. Et de faire un bon investissement dans un quartier prisé.

«Après réflexion, nous avons opté pour petit projet de condo qui ressemble à une maison de ville, explique madame Ladouceur, cela fait une transition plus douce au moment de partir de la maison pour un condo. Et sa situation nous rapproche du cœur de l’activité lavalloise.»

Acheter la paix avec du neuf

Pour un budget équivalent à leur ancien jumelé, ils y ont acquis un espace de 1473 pieds carrés dans le projet 1684 Fred Barry.  «Les promoteurs achètent de vieilles maisons qu’ils démolissent pour reconstruire de petits bâtiments à condos au goût du jour, explique madame Ladouceur, ce qui fait qu’on profitera d’un quartier résidentiel déjà établi, avec des arbres matures.»

Autre élément qui ravit le couple: habiter un condominium neuf. «Nous achetons «la paix» pour au moins une quinzaine d’années, un concept clé en main, avec la possibilité de choisir nos matériaux, nos armoires.»

Madame Ladouceur est à planifier le déménagement. Se départir d’une partie de ses possessions pour aller dans un peu plus petit, difficile? «Pas pour moi, je suis prête, mais mon mari, qui a l’âme d’un collectionneur, a un peu plus de difficulté», confie-t-elle en riant. Les questions essentielles :

  • Est-ce que votre nouveau chez-vous vous éloigne de vos meilleurs amis / de votre famille ? Si oui, est-ce un problème pour vous ?
  • À combien de temps de votre future demeure réside un proche sur lequel vous pouvez compter ?
  • Si vous avez des enfants, avez-vous des ressources accessibles rapidement s’ils tombent malades ?

Le bon truc:  calculez le temps de transport réel qui vous séparera des cinq personnes les plus proches de vous. Discutez avec eux de l’effet de cette distance sur votre relation.

4. Le style de vie

Finalement, on doit considérer le style de vie que l’on mène afin de choisir son milieu de vie, ou même son type de résidence. Si, comme Patricia, vous aimez vous déplacer en vélo, les quartiers qui ont de la personnalité, et découvrir de nouveaux restaurants exotiques, vous risquez d’être malheureux dans un nouveau développement homogène. Et si le fait d’avoir des voisins « qui vous marchent sur la tête » vous rebute, la vie de duplex n’est peut-être pas faite pour vous, que ce soit à Québec ou à Mascouche.

N’oubliez pas aussi que le style de vie évolue avec les événements de la vie. Comme Jonathan, on peut adorer la vie urbaine pendant sa vingtaine, puis découvrir les avantages de la vie de banlieue lorsqu’on fonde une famille. « C’est sûr qu’il y a des aspects de la ville qui me manquent, mais je n’exclus pas un retour en ville une fois que mes filles auront quitté la maison», conclut-il.

AMBROSI

Alléger son quotidien en déménageant dans un condo

Donna Ambrosi a eu des problèmes de santé il y a quelques années. Au moment de prendre sa retraite l’an dernier, son premier souhait était de s’offrir une vie plus simple en se délestant de sa grande maison de Kirkland, dans l’Ouest de l’île de Montréal. Quant à son conjoint, Jean-Guy Clément, il était fatigué de s’occuper de la piscine, de tondre la pelouse ou de déneiger l’hiver.

«Mon mari et moi voulions alléger notre quotidien et avoir plus de liberté, témoigne-t-elle. Une grande maison, c’est beaucoup de travail, et nous avançons en âge.» Le couple, sans enfants, a choisi d’habiter dans une tour à condominiums, notamment pour l’aspect sécurité.

Ils ont arrêté leur choix sur le projet Quartier Greenwich, à Pointe-Claire. «Nous y avons déniché un condo spacieux de 2024 pieds carrés et un aménagement à aire ouverte très lumineux. On retrouve dans l’immeuble un gym, une piscine. C’est un style de vie qui nous procure la paix d’esprit.»

Les deux balcons suffisent amplement au couple. Madame Amberusi se réjouit de réaliser un de ses rêves de retraite: faire du bénévolat, à quelques minutes de son nouveau chez-soi, et d’avoir pu déménager avec son petit chien.

Le style de vie englobe plusieurs choses, dont les activités pratiquées, la personnalité et même nos valeurs. Quelques questions pour aider la réflexion :

  • Est-ce que vous croyez que votre style de vie va changer d’ici 3 ou 5 ans ?
  • À quelle fréquence allez-vous au cinéma / au restaurant / dans un bar ?
  • Avez-vous besoin d’un environnement calme ? Au contraire, est-ce qu’un environnement trop calme vous ennuie ?
  • Seriez-vous plus actif ou moins actif  qu’actuellement ?
  • Est-ce que les  services que vous utilisez le plus souvent (épicerie, boutiques, soins de santé) seront à proximité de votre nouvelle demeure ?
  • Est-ce important pour vous de vivre près de la nature ?
  • Est-ce que les valeurs de votre nouveau milieu de vie ressemblent aux vôtres ?

Le bon truc:  pendant un mois, prenez en note toutes les activités et sorties que vous faites, puis indiquez si vous pourrez les faire facilement lorsque vous aurez emménagé dans votre nouvelle résidence.

Quitter Montréal et construire une maison écologique

Parfois, c’est un profond besoin qui pousse à changer de milieu de vie.  Témoignage de Mélanie et Robert, qui ont immigré dans les Laurentides pour bâtir une maison écologique.

Dans la vingtaine, Mélanie et Robert habitaient Montréal, roulaient en vélo et ne possédaient pas de voiture. Ils rêvaient déjà d’une maison écologique en pleine nature. C’est le prix des terrains qui les a amenés à envisager de faire construire leur maison à Saint-Colomban, à proximité de Saint-Jérôme: « Nous avons pu ainsi avoir un grand terrain à petit prix, éloigné des voisins et en pleine nature, raconte Mélanie, ce qui ne grugeait pas trop notre budget pour la construction.»

arborettum  Paul Scheiwiller

Leur résidence, dessinée par un architecte et nichée dans les arbres, est splendide. Ont-ils peur de ne pas récupérer leur investissement, en cas de revente? «C’est une question qui nous chicote parfois, concède Mélanie, surtout en ce moment où nous avons fait réaliser un plan d’aménagement du terrain par un architecte-paysager. Le quartier est disparate et notre maison moderne tranche dans le lot.»

Depuis leur installation à Saint-Colomban, le couple a acquis une voiture puis, bien vite, un second véhicule : «En habitant dans un secteur campagnard, tout est un peu plus loin, explique l’enseignante au primaire: l’école, le dépanneur, les restaurants, si bien que le mode de vie écologique ne fait plus partie de l’équation. Il faut accepter d’avoir toujours besoin de la voiture et de considérer cette dépense, en plus de celle en essence et en temps dans la balance.» Cela dit, Mélanie et Robert adorent leur maison et leur région et ils s’y sont bien intégrés, notamment en concentrant leurs activités principales dans le secteur.

«Nous évitons à tout prix d’aller à Montréal aux heures de pointe, mais hors trafic, ce n’est pas si loin que ça et nous ne nous privons pas de faire des sorties culturelles la fin de semaine, de fréquenter les festivals, mais pour le travail, le quotidien, nous avons recentré nos activités dans les Basses-Laurentides.»

NDLR: Ce texte est une mise à jour. La première version a été publiée en 2013.
Contribution: Eliane Duplessis, Chantal Lapointe