À Laval comme sur la Rive-Sud et même plus loin en région, des promoteurs font la publicité de leurs «condos urbains». Des condos urbains... en banlieue. C’est un peu paradoxal, non?

Car pour plusieurs, vivre dans ce type d’habitation c’est habiter à Montréal, dans un quartier à échelle humaine, près d’un marché de produits frais, d’une boulangerie, d’un fleuriste, d’une pharmacie, d’un parc… C’est autant que possible habiter près de l’école des enfants, voire proche de ses petits-enfants (pour les grands-parents).

Mais les temps changent. Pour Manon Choquette, présidente du Groupe Sopromont Immobilier, un condo urbain c’est un condo «à côté de tout»: «l’essentiel d’une vie est à proximité, les commerces alimentaires, les petits professionnels qu’on s’est trouvés dans les alentours, les hôpitaux».

Cette entrepreneure lavalloise admet qu’il s’agit d’un concept relativement nouveau pour des gens de la rive nord. «On n’a pas vu nos parents vivre en ville. C’est comme si la banlieue avait perdu ses frontières!», dit-elle.

Transport en commun et densification

Le développement du transport en commun depuis quelques années a tout changé, dit Paolo Rinollini, vice-président aux Finances de Métrocité, un constructeur présent à Chomedey. Selon lui, cela a entre autres permis l’ajout du mot «urbain» à Laval.

«On ne parle plus de longueur [de terrain] et de profondeur, mais de hauteur. C’est le mot d’ordre. On nous demande: comment on peut en faire plus sur le même terrain ?», poursuit M. Rinollini.

C’est que l’arrivée des trois stations de métro a entraîné la densification du territoire. Avant, si on achetait à Laval, on optait pour une maison unifamiliale ou un triplex. Désormais, les premiers acheteurs jettent leur dévolu sur une maison jumelée, une maison en rangée ou, plus probable encore, sur un appartement dans l’une ou l’autre des tours d’habitation qui ont poussé comme des champignons.

Le cas de Maude Gionet est typique. Cette jeune femme de 28 ans a habité à Montréal et à Laval. À l’âge de 19 ans, elle quittait son logement partagé avec un coloc à Montréal pour acheter son tout premier condo.

Pour respecter son budget, elle a finalement acheté à Laval, même s’il n’y avait pas de terrasse sur le toit, ni de piscine. Qu’importe: elle ne voulait pas payer pour cela de toute façon. «À Montréal les frais de copropriété étaient le double ou même le triple de ce qu’ils étaient à Laval», raconte celle qui avait alors magasiné sur les deux îles.

La proximité du métro était par contre un critère essentiel. Son choix s’est arrêté sur un rez-de-chaussée du projet Urbania, avec une terrasse sur laquelle elle installerait son propre BBQ. Tout cela en ne payant mensuellement que 130 $ de frais communs.

Style de vie urbain

Le condo dit urbain réfère donc un style de vie en particulier. Une vie vécue davantage à l’extérieur de chez soi qu’entre les quatre murs de son appartement, au cinéma, au restaurant, etc.

Près du Saint-Elzéar, le projet phare du Groupe Sopromont Immobilier, il y a notamment le Marché 440. «Les gens ne veulent plus être éloignés des centres et prendre un temps fou pour réaliser leurs tâches quotidiennes», analyse Mme Choquette. S’ils ne voulaient plus aller en ville, alors la ville est venue à eux... d’une certaine façon.

Près de la station Montmorency, Urbania a ainsi changé le paysage dès 2007. La deuxième phase, Urbania 2, prévoit l’ajout de 212 copropriétés sur 16 étages à l’angle des rues Émile-Martineau et Lucien-Paiement. Les résidents ne manquent pas de lieux pour magasiner, avec le Centre Laval et les Galeries Laval dans les parages. Deux collèges (Montmorency et Letendre) et le campus de l’Université de Montréal à Laval se trouvent non loin. La Place Bell, un complexe sportif, devrait quant à elle être achevée d’ici 2018.

Pour Maude Gionet, s’il y a un centre-ville à Laval, il se trouve à Centropolis, c’est-à-dire à 2 ou 3 km de là. Pourquoi ? Parce que les professionnels du coin peuvent habiter le secteur et sortir pour un 5 à 7 ou avec des amis au resto, tout cela à proximité…

Plus petit, plus cher

Avec l’adjectif «urbain», on veut aussi vendre l’attrait de certains matériaux. On parle de finition plus moderne que champêtre, de structure en béton. Pas de «vieil appart tout croche», comme s’en souvient Maude Gionet. Pas le cachet des boiseries non plus, pourrait-on ajouter.

Une fois la localisation arrêtée, le plus important critère reste souvent le prix. Les personnes seules, les professionnels, voire les étudiants sont prêts à réduire la superficie de leur espace de vie pour bénéficier du «style de vie» qu’on leur promet. C’est pourquoi les petites surfaces sont très populaires.

Mais plus les condos sont petits, plus ils sont chers au pied carré. Dans certains secteurs récemment bâtis de l’île Jésus, les petits appartement de 570 pieds carrés se vendaient pour moins de 170 000 $ d’après M. Rinollini. On ne parle pas ici de produits destinés aux familles.

Chez Urbania, le condo-type est offert à moins de 210 000 $. Il comprend 620 pieds carrés. Ce tarif inclut un espace de stationnement. Un seul! Car l’aménagement d’espaces de stationnement n’est plus une priorité absolue. Avant, la construction de deux cases de stationnement allait de pair avec celle de tout nouveau logement lavallois. «Maintenant, la Ville juge que c’est plus 1,5 case ou 1 case par logement», dit M. Rinollini. C’est ça aussi le condo urbain!

Les promoteurs d’Urbania ont trouvé un moyen bien urbain de faciliter les déplacements des copropriétaires: des voitures du service d’autopartage Communauto. Et il y aura même des bornes pour les éventuelles voitures électriques des résidents!