Le projet Urbanova à Terrebonne, l’écoquartier de la Pointe-aux-lièvres à Québec et l’écoquartier Vauban en Allemagne, ça vous dit quelque chose? Ce sont des exemples actuels (Vauban) et futurs (Urbanova et Pointe-aux-lièvres) de nouvel urbanisme dans le monde qui intègrent un aménagement urbain plus dense et favorable aux déplacements à pied et en vélo. Sur le terrain, on trouve (et on trouvera) des bâtiments de tous genres (duplex, multiplex, etc.), de nouvelles technologies et la mise en application des principes du développement durable.

Nous reviendrons sur ces projets innovateurs dans de prochaines publications, mais d’abord, présentons le concept de nouvel urbanisme. Le nouvel urbanisme est né aux États-Unis en 1993. Cette année-là,un groupe de planificateurs urbains et d’architectes (Andrés Duary, Elizabeth Plater-Zyberk, Peter Calthorpe, Daniel Solomon, StefanosPolyzoides et Elizabeth Moule) créaient à Chicago le Congress for the New Urbanism. L’objectif était de repenser la ville pour la rendre plus conviviale, plus accessible pour les piétons et les cyclistes et plus diversifié dans son habitat (unifamiliale, duplex, semi-détaché, multiplex, etc.).

Ces nouveaux quartiers se caractérisent par treize principes, lesquels sont mentionnés dans la Charte du Nouvel Urbanisme, adoptée en 1996. Sans les nommer tous, on peut les résumer ainsi. Le quartier se distingue par un centre attractif et une majorité de résidences situées à cinq minutes de marche de ce centre. Les résidents ne doivent pas travailler idéalement à plus de cinq kilomètres de leur demeure. La circulation sur les rues doit être lente afin de favoriser les déplacements à pied et en vélo. Les stationnements à ciel ouvert sont interdits. Dans les zones commerciales et résidentielles, les espaces de stationnement et les garages sont placés à l’arrière des édifices, accessibles par des allées. Les aires de jeux et les écoles élémentaires sont situées à proximité des résidences de façon à permettre aux enfants de s’y rendre à pied.

Des exemples réussis

En Europe, où les villes sont plus densément peuplées et donc plus propices aux déplacements à pied, en vélo et en transport collectif, le nouvel urbanisme a pris la forme d’écoquartiers. Ces quartiers reprennent tous les principes du nouvel urbanisme, mais vont un peu plus loin en mettant plus l’emphase sur l’habitat écologique : les économies d’énergies et les énergies vertes (solaire, géothermie, etc), les économies d’eau (grâce à l’installation de dispositifs à faible consommation d’eau) et un aménagement urbain très favorables aux piétons et aux cyclistes. Dans certains cas, l’automobile est même reléguée au second plan.

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Vauban

C’est le cas de l’écoquartier Vauban, construit sur une base militaire désaffectée en périphérie de Fribourg dans le sud de l’Allemagne. Inauguré en 1996, il était le premier écoquartier à voir le jour dans le monde. Il a une superficie de 38 hectares et compte 5000 résidants. À Vauban, seuls 25 % des 2800 logements (les logements situés en marge du quartier) disposent d’un stationnement privé pour leur voiture. Le cœur de Vauban est donc sans voiture. Les autres résidants doivent laisser leur véhicule dans deux stationnements silos situés aux entrées du quartier. Une ligne de tramway a aussi été construite pour relier Vauban au centre-ville de Fribourg.

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Vauban

Les constructions à Vauban sont aussi très écologiques avec toitures vertes, l’utilisation de l’énergie solaire passive, l'emploi de panneaux solaires et de matériaux écologiques pour la construction.

Le Quartier BedZed en Angleterre est un autre exemple réussi d’écoquartier. Plus petit que Vauban, l’espace a une superficie de 1,7 hectare et 205 personnes y vivent. Le quartier construit en 2002 dans la ville de Sutton, dans le sud de Londres, possède des caractéristiques semblables à l’écoquartier Vauban.

Ces exemples réussis ont été le déclencheur de plusieurs autres projets en Europe. En France, il existe trois quartiers de ce type à Grenoble, Auxerre et Mulhouse. Plusieurs autres (394 au total) sont en gestation en province et en banlieue de Paris. En Suisse, en Allemagne et en Scandinavie, des écoquartiers existent aussi et d’autres en projet.

Plus près de nous, le nouvel urbanisme a aussi pris son essor. Dans la région de Montréal, il y a le quartier Bois Francs dans l’arrondissement Saint-Laurent de Montréal et il y a les projets Bois Francs, Chambéry à Blainville et Urbanova, à Terrebonne. La Ville de Québec n’est pas en reste. Un projet est en construction (la Cité verte) et deux autres sont en gestation (les écoquartiers Pointe-aux-Lièvres et de la pointe D’Estimauville).

Une question se pose toutefois. Ce type de développement permet-il vraiment de réduire l’usage de l’automobile, de favoriser les déplacements à pied et en vélo, et de créer une qualité de vie supérieure, appréciée des résidants?

Des effets positifs

Selon une étude de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), datant de 2010, la réponse est affirmative. Aux fins de l’étude, quatre quartiers construits selon le principe du nouvel urbanisme et quartiers traditionnels ont été comparés. Plus de 2000 ménages répartis dans ces huit lieux ont alors répondu à un questionnaire portant sur leurs habitudes de vie et leurs habitudes de déplacement.

Les résultats sont significatifs. L’un des éléments importants qui ressort de cette enquête est la grande satisfaction des résidants en rapport avec leur espace de vie. Les répondants des quartiers de nouvel urbanisme (QNU) sont presque deux fois plus nombreux que ceux des quartiers traditionnels (QT) (60 % contre 34 %) à se dire très satisfaits de leur quartier (design des rues, aménagements paysagers et façades). Près du double des répondants des QNU estiment que le paysage des rues de leur quartier rend la marche agréable, par comparaison à ceux des QT (85 % contre 44 %).

L’autre aspect important qu’a révélé l’enquête concerne les déplacements à pied et en vélo. Les ménages des QNU sont plus nombreux que ceux des QT à répondre qu’ils se déplacent à pied (21,3 % contre 14 %). Et cela se produit souvent puisque 51 % des répondants des QNU disent se rendre plusieurs fois par semaine à pied ou à bicyclette à un commerce de leur quartier, comparativement à seulement 19 % des répondants des QT. L’enquête révèle que ses bonnes habitudes ont été acquises dans leur nouveau milieu de vie. En effet, les répondants des QNU sont près de deux fois plus nombreux que ceux des QT à dire que leurs déplacements à pied sont beaucoup plus fréquents dans leur quartier actuel que là où ils habitaient auparavant (37 % contre 20 %).

La densité résidentielle des QNU (beaucoup plus grande que celle des QT) a aussi un autre avantage. Elle favorise les interactions sociales entre résidants. Quelques 40 % des ménages des QNU rapportent avoir davantage d’interactions en personne avec leurs voisins. Selon eux, ses interactions se produisent plusieurs fois par semaine, par contraste aux ménages des QT, qui ne sont que 34 % à en dire autant.

Enfin, les espaces verts et les aires publiques ouvertes sont beaucoup plus utilisés dans les QNU que dans les QT. La proportion des répondants des QNU qui disent les fréquenter plusieurs fois par semaine (52 %) dépasse celle des QT (40 %). Les résidants des QNU apprécient aussi de pouvoir s’y rendre plus facilement en vélo ou à pied et de façon sécuritaire.

Ces nouveaux quartiers offrent donc une nouvelle façon d’habiter, de se déplacer et de socialiser qui pourrait être appelée à se développer dans les prochaines années. Pensons aux projets Bois Francs, Chambéry et Urbanova dans la région de Montréal et, dans la Ville de Québec, Cité verte, les écoquartiers Pointe-aux-Lièvres et de la pointe D’Estimauville.

Pour voir tous les projets Urbanova, c'est par ici.