Si elles sont légion dans les villes européennes et asiatiques, la tendance aux micro-habitations est relativement récente de ce côté-ci de l’Atlantique. Apparues dans la foulée de la crise des subprimes américaine de 2009, les "tiny houses" ont suscité d’abord la curiosité, mais la hausse des prix en immobilier et le désir d’autonomie financière chez les jeunes générations comme chez les baby-boomers accentuent maintenant la demande.

Pour preuve: 98% des 312 unités de micro-habitations des phases 3 et 4 du projet District Griffin mené par Devimco Immobilier au cœur de Griffintown, à Montréal, ont trouvé preneur. «Nous voulions offrir un condo abordable à la clientèle qui désire habiter le centre-ville sans compromettre la qualité de l’espace de vie, alors il a fallu réduire la superficie, explique Marco Fontaine, directeur des ventes et du marketing pour District Griffin. Nous avons réuni les constructeurs, les architectes et les designers afin de créer des environnements de vie de 300 à 350 pi2 bien pensés.» Pour monsieur Fontaine, il ne fait pas de doute que la micro-habitation a un bel avenir dans les environnements urbains. «Les jeunes qui souhaitent accéder à la propriété comme les "empty nester" et les baby-boomers suivent cette tendance à vouloir aller dans plus petit.»

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Mini, mini, mini

Le nom "tiny house" serait attribuable à l’américain Jay Shafer, fondateur de Tumbleweed, la première entreprise spécialisée dans la construction de micro-maisons en 2003. Le phénomène, marginal au départ, a suscité un véritable engouement chez nos voisins américains comme chez les Québécois. En témoigne le succès l’été dernier de la première édition du Festival des mini-maisons de Lantier, dans les Laurentides, qui a accueilli 7 000 visiteurs. Fernand Start, développeur du projet Les Hameaux de la Source sur le même site et président de l’événement, considère le downsizing toujours aussi actuel après une décennie: « La mini est née de la débrouillardise dans une conjoncture financière difficile. Aujourd’hui, elle séduit les gens qui ont un désir d’autonomie énergétique, financière et alimentaire dans un contexte récréatif.»

À Montréal, les mini-maisons ont aussi volé la vedette à la dernière Expo Habitation de Montréal, si bien que les organisateurs préparent un impressionnant village d’une dizaine de mini-maisons dont celles des Industries Bonneville, de Maison Laprise et de Groupe Pro-Fab pour l’événement d’automne 2016. Robert Yelle, vice-président, croit que la mini a le vent dans les voiles surtout à en ce a trait à la résidence secondaire: «Cela répond à un désir de jouir de la vie en ayant une maison de vacances plus facile à entretenir, une hypothèque réduite, moins de frais de chauffage, moins de taxes. Il reste à convaincre les municipalités d’adhérer dans ces projets.» Effectivement, trouver le terrain pour recevoir sa micro-maison n’est pas facile puisque la majorité des municipalités n’autorise pas de constructions de moins de 750 pi2. «La plupart des villes proches des grands centres n’acceptent pas ce type d’habitation, confirme Dany Bonneville, mais l’intérêt croissant des consommateurs devrait faire pression pour changer les choses. Certaines localités pourraient reconsidérer leur réglementation.»

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Design futé et espaces communs

Bien qu’il ne semble pas exister de dimensions précises, la plupart des experts s’entendent pour parler de micro-habitations pour une demeure de moins de 500 pi2, et de mini-maisons pour les habitations allant jusqu’à 800, voire 900 pi2 de surface habitable. Pour Marco Fontaine, il ne faut pas se faire mentir: «Ça reste petit! Alors il faut choisir son micro-condo dans un complexe qui offre des services communs.» Au District Griffin, par exemple, les propriétaires ont accès à des aires communes dont certaines peuvent être réservées pour des réceptions privées, on y retrouve un spa, un jardin, une piscine, etc. L’entreprise a aussi offert l’option Genius : une gamme de rangement et des meubles conçus spécifiquement pour le micro-condo amovibles, transformables et multifonctions.

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Mini maison Källa de Pro-Fab

Un créneau qui se développe à vitesse grand V

L’entrepreneur Confort Design fait figure de leader dans le créneau de la micro-habitation. Selon Sylvain Nadeau, président : «La clientèle recherche une aire ouverte spacieuse dotée d’une grande fenestration, tout en étant moins exigeante sur la superficie de la chambre et de la salle de bain. Des rangements ingénieux, une cour bien aménagée et une exploitation judicieuse de l’espace minimisent la petite superficie.» À la fin de l’été, Confort Design offrira quatorze modèles d’habitation dont les superficies varient de 384 à 736 pi2. Des projets qui se développent dans les Laurentides et bientôt en Estrie. Selon monsieur Nadeau, le concept est lié à la recherche d’un nouveau mode de vie chez les baby-boomers: «La demande est très forte. Les gens désirent s’affranchir des taxes élevées et des nombreuses corvées d’entretien afin de profiter de la vie et voyager sans soucis. La micro-habitation répond à ces souhaits.»

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Mini maison Confort Design

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Mini maison Confort Design

Une demande croissante

Les entreprises spécialisées en construction usinée embrassent elles aussi le mouvement des mini-maisons. Pro-Fab a lancé en août 2015 son chalet Eldorado, un mini chalet de style loft de 486 pi2 et puis, plus récemment, Källa, une micro-maison modulaire de 809 pi2. «Nous nous inspirons du design scandinave pour créer des espaces sobres et épurés, naturels et conviviaux, explique Marc Daigneault, directeur marketing. Tout le défi est de créer un sentiment de grandeur et de luxe dans une superficie réduite.» Aux Industries Bonneville, deux nouvelles mini-maisons viendront s’ajouter à l’automne aux cinq modèles de la série Micro-Loft: «Les études de marché nous indiquent que les consommateurs recherchent des maisons de 700, 800 ou 900 pi2, indique Dany Bonneville, et nous sommes en mesure d’adapter le format de nos maisons en fonction des besoins.»

Merci à Marco Fontaine, District Griffin, districtgriffin.com, à Robert Yelle, expohabitation.ca, Fernand Stuart, ww.habitatmultigenerations.com, à Sylvain Nadeau, confortdesign.com, à Marc Daigneault, www.profab.ca et à Dany Bonneville, www.maisonsbonneville.com pour leur aimable collaboration.

Crédit photo une: micro Loft Nano, de Bonneville