Pour un premier acheteur ou une personne, un couple ou une famille qui cherche déménager, choisir un nouveau lieu de résidence est complexe. Ville, banlieue ou campagne? Il y a plusieurs éléments à considérer : le transport, le prix des maisons, les services offerts, la proximité de la parenté, la quiétude des lieux, etc. Un autre critère important est le niveau des taxes municipales et scolaires. Dans ce texte, nous ne traiterons que des taxes municipales qui sont de loin les plus élevées des deux.

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On entend souvent dire que les taxes payées dans les grandes villes comme Montréal, Québec et Laval sont élevées. Pour certaines personnes, cet argument est suffisant pour ne pas envisager ces villes comme lieu de résidence. Oui, les taxes de ces villes sont souvent élevées mais le niveau de services rendus aux citoyens est aussi supérieur : transport en commun, réseau de bibliothèques, activités culturelles gratuites, centre sportif bien équipé, déneigement des trottoirs, service de protection des incendies (plutôt qu'un service de pompiers volontaires), etc.

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Aussi, en examinant le profil financier des municipalités québécoises, disponible sur le site du Ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire (MAMOT), on réalise que pour la quantité (et parfois aussi la qualité) des services offerts par les grandes villes, les taxes ne sont pas si élevées qu'on le croirait.

Le TGTU et le RFU

D'abord, il faut savoir que le montant des taxes à payer pour une résidence ou un logement est le produit du taux global de taxation uniformisé (TGTU) et de la richesse foncière uniformisée (RFU). Le TGTU inclut toutes les taxes exigées par la municipalité. Exemple : taxe d'eau, taxe pour l'enlèvement des ordures, taxes spéciales, etc. Le RFU est la valeur totale de tous les immeubles présents sur le territoire d'une municipalité. Il est uniformisé (par un facteur établi par le MAMOT) afin de tenir compte de l'écart qui existe entre la valeur au rôle d'évaluation et le prix de vente de l'immeuble.

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Afin de comparer des oranges avec des oranges, le MAMOT a aussi divisé les 1110 municipalités québécoises selon leur population. Il y a donc cinq classes : les villes de 0 à 1 999 habitants, celles de 2000 à 9 999 habitants, celles de 10 000 à 24 999, celles de 25 000 à 99 999 et les villes de 100 000 habitants et plus.

Montréal et villes de couronne

Prenons ainsi Montréal. La ville a un TGTU de 0,8982 pour 100 $ d'évaluation, ce qui est inférieur au TGTU de sa classe de population (soit les villes de 100 000 habitants et plus). Cependant, la charge fiscale moyenne par unité d'évaluation est assez élevée (3 462 $) et cela est dû à sa RFU qui est de 236,5 milliards de dollars! (en ayant une richesse foncière aussi élevée, le TGTU peut être ajusté à la baisse, ce qui est le cas à Montréal). Cependant, ces taxes élevées peuvent s'expliquer en partie par une panoplie de services que n'offrent pas bien des municipalités (métro, déneigement des trottoirs, service incendie, etc).

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À l'autre bout de l'ile, certaines municipalités défusionnées telles que Baie D'urfée ont un niveau de service moindre qu'à Montréal et pourtant, la charge fiscale moyenne y est beaucoup plus élevée (4415 $ par logement). Cette charge représente près du double de la charge fiscale de sa classe de population (2253 $), classe de 2 000 à 9 999 habitants. Cela s'explique par la valeur totale très élevée des immeubles dans cette ville. Baie d'Urfée a toutefois accès aux services offerts par l'agglomération de Montréal (ex. : transport en commun, police). Services pour lesquels elle paie une quote-part.

Il est surprenant de constater que certaines municipalités semi-urbaines, offrant peu de services ont des taxes élevées. C'est le cas de Carignan, sur la Rive Sud de Montréal. En 2016, les taxes moyennes dans cette ville s'élevaient à 3295 $ (soit 1 000 $ de plus que les taxes exigées par les municipalités dans la même classe de population). Cette ville de 8900 habitants, sans aréna, sans trottoirs et avec des transports collectifs peu organisés, a vu sa richesse foncière augmentée de plus de 50% entre 2009 et 2016. Cela pourrait expliquer en partie pourquoi les taxes y sont presque aussi élevés qu'à Montréal.

Il est vrai aussi que certaines municipalités (ex. : Mirabel, taxes en 2016 de 1 939 $) dans la région de Montréal ont un niveau de taxation assez bas. C'est que plusieurs facteurs peuvent influencer les taxesdemandées aux propriétaires : l'endettement ou un surplus budgétaire, une bonne ou une mauvaise gestion, de mauvaises décisions, le niveau de services, la croissance démographique, etc. Une chose est toutefois certaine : il est trop simpliste de prétendre que les taxes sont toujours plus chères dans les grandes villes.