Dans la région de Montréal, certains immeubles résidentiels en projet ou en construction se démarquent par leur forme architecturale et leur design. Nous en avons sélectionné quelques-uns qui méritent qu'on leur accorde une attention particulière.

Montréal, ville de design

En guise de préambule, il faut savoir qu'il existe à Montréal une culture du design bien nourrie par le Bureau Design Montréal, créé en 2006. Montréal est d'ailleurs membre des villes créatives du l'UNESCO depuis cette même année.  Selon une étude du ministère de la Culture et des communications (qui date de 2001), le design, au sens large du terme, entraîne des retombées économiques annuelles de 750 millions de dollars et génère près de 22 000 emplois au Québec. Les deux tiers de cette activité est concentrée dans la région de Montréal.

Au chapitre de l'architecture et de l'urbanisme, concevoir un projet immobilier (ou un quartier) en y intégrant la composante design entraîne clairement d'importantes retombées. Prenons comme exemple le projet de quartier international de Montréal. En 1997, l'Organisation d'aviation civile internationale (OACI) s'implantait rue Université, à côté de la Tour de la Bourse. Dans le même temps, on annonçait l'agrandissement du Palais des Congrès de Montréal. Ces deux projets allait inciter la Caisse de dépôt et de placement du Québec à relancer l'idée d'une Cité internationale (idée qui germait depuis 1990).

Ce vaste projet d'urbanisme, entrepris de 1999 à 2007, touchait une superficie de 27 hectares, du Palais des Congrès jusqu'à la rue McGill. Il allait permettre le réaménagement de la rue McGill, la reconfiguration du Square Victoria avec un tout nouveau mobilier urbain design (luminaires, bancs publics, etc.) ainsi que quelques endroits à l'est de ces espaces. L'investissement a été de 90 millions de dollars pour le quartier International et de 23 millions de dollars pour le réaménagement de la rue McGill. Les retombées ont été toutefois beaucoup plus importantes. On les estime aujourd'hui à près de deux milliards de dollars.

Investir dans le design est donc payant. Cela explique pourquoi les promoteurs immobiliers intègrent de plus en plus cette composante dans leur projet.

Le Yoo Montréal, Griffintown

Le Yoo Montréal, Griffintown

Situé dans le quartier Griffintown, le Yoo Montréal est un projet immobilier résidentiel de petite taille (90 logements) dont la décoration intérieure a été confié au designer de réputation internationale Philippe Starck. L'architecte du projet est Bruno Saint-Jean, du bureau d'architectes NEUF, qui a travaillé en collaboration avec M. Starck. Manifestement, le promoteur immobilier Maxime Lachance a voulu se démarquer de tout ce qui se fait dans ce quartier.

Lorsqu'on visionne les nombreuses photos du projet sur le site Internet, on constate à quel point il sortira de l'ordinaire. L'aspect design y est présent partout. «C'est un projet qu'on peut qualifier de village vertical, aux lignes épurées et plutôt cartésien, dit Bruno Saint-Jean. À la base de l'immeuble, il y aura de très grandes arches en béton brut qui créeront un effet monumental. Une fois que l'on pénètre à l'intérieur, on trouvera un lobby spectaculaire où les murs seront recouverts de planches de bois brut. Tout le rez-au-chaussée sera aménagé selon les indications de M. Starck.

Le designer propose quatre thèmes de décoration intérieure pour les unités et les acheteurs pourront choisir l'un de ces thèmes ou encore faire ce qu'ils veulent. Aux étages 3 à 16, il y aura 5 unités par étage dont quatre feront les coins. «Cela permettra d'avoir une plus grande fenestration,» dit M. Saint-Jean. Les étages 17 à 20 seront occupés par de luxueux penthouses.

Le coût des unités sera assez élevé. Une unité de 2 chambres à coucher (1314 pi²) coûtera au minimum 430 000$, et une unité de 3 chambres à coucher (1434 pi²), 718 000$. Malgré ces prix de vente élevés, le projet a suscité un réel intérêt et les ventes vont bien. La construction de l'immeuble est d'ailleurs commencée.

Le Peterson, Centre-ville de Montréal

Le Peterson, centre-ville de Montréal

Situé dans le quartier des spectacles, la tour de condos de 34 étages, le Peterson, aura une forme architecturale plutôt originale. «Les dix premiers étages seront composés de lofts avec plafonds de 20 pieds de hauteur, dit Bruno Saint-Jean, du bureau d'architectes NEUF, qui travaille aussi sur ce projet. Les étages supérieures seront remarquables par la forme des balcons tout en courbe qui font le tour de l'édifice.» En tout, il y aura 2,3 km de balcon!

«Le constructeur, le Groupe Benvenuto, nous a dit de lâcher notre fou, relate M. Saint-Jean. Nous avons donc dessiné un immeuble aux formes ludiques, un clin d'oeil à la musique et aux arts puisque le bâtiment se trouve dans le quartier des spectacles. Avec les logiciels de dessin actuels, les possibilités de concevoir des édifices aux formes plus complexes sont plus grandes qu'avant.»

Ce qui ressort le plus de cet édifice est la forme particulière des balcons. «Les balcons ont trois formes différentes que l'on retrouve en alternance d'un étage à l'autre», dit M. Saint-Jean.

Au 28e étage, on trouvera un gymnase et une grande terrasse avec un mur d'escalade. Les prix varieront de 247 000$ pour un studio à 1 057 000$ ou plus pour un appartement de trois chambres.

Mlorraine, Lorraine

M-lorraine, à ville Lorraine

Sur la Rive Nord de l'île de Montréal, à Ville Lorraine, un gracieux édifice, tout en verre, se dressera aux abords du chemin de la Grande Côte (livraison des unités prévue pour l'automne 2015). Ce projet du promoteur Magma est particulier car il est construit dans l'aire de protection du domaine Garth, classé patrimoine par le ministère de la Culture. «Au départ, les résidants de Lorraine souhaitaient qu'il y ait une résidence pour personnes âgées sur le site, dit Luc Allard, l'architecte du projet. Mais le promoteur s'est aperçu qu'on ne pourrait rentabiliser l'immeuble car il ne pouvait y construire suffisamment de logements pour amortir financièrement tous les services nécessaires à l'opération d'une telle résidence. La décision a donc été prise de construire un immeuble plus modeste de 96 logements réparti sur six étages et cela, pour une clientèle autonome. »

Le projet M-Lorraine a cependant dû être approuvé par le ministère de la Culture. «Il devait être d'une facture sobre et simple pour ne pas faire ombrage à la maison Garth, située à proximité, explique M. Allard. L'immeuble a une forme un peu incurvé afin de suivre la courbe du chemin de la Grande Côte, situé à 45 pieds. La grande majorité des places de stationnement sont intérieurs afin d'avoir le moins d'impact possible sur le voisinage et pour combattre les îlots de chaleur. Il n'y a que 45 espaces de stationnement à l'extérieur.»

Dernier point intéressant: une partie du toit où se trouve les penthouses sera accessible à tous les résidants.

Les bassins du Havre, Griffintown

Les bassins du Havre, Griffintown

Sur le bord du canal Lachine, à l'endroit où on trouvait anciennement le centre de tri postal de Postes Canada, un projet immobilier original a vu le jour. Il s'agit des Bassins du havre, dont le développement est prévu en quatre îlots pour un total de douze phases. La construction du complexe s'échelonnera sur environ 7 à 8 ans et comprendra à terme 1 800 copropriétés et 200 logements communautaires. «Nous avons étudié l'ADN du site et nous avons réalisé qu'il était anciennement occupé par un port. Nous avons donc reproduit les bassins qui étaient là à l'origine et construit les condos sur les quais», explique Roch Cayouette, architecte chez Lemay et associés. Les logements sont donc entourés d'eau et il y a une brise qui circule entre les bâtiments, ce qui est agréable pour les résidants.»

L'ensemble du projet est certifié LEED ND. C'est donc dire qu'il y aura plusieurs caractéristiques écologiques dont un système de récupération des eaux de pluie et des panneaux solaires sur le toit afin de chauffer une partie de l'eau domestique et l'eau de la piscine.

«Bien que le projet est situé en bordure du canal Lachine, les berges ne seront pas privatisées pour autant, dit M. Cayouette. En effet, l'arrondissement a exigé que celles-ci demeurent accessibles au public. Des allées ont donc été aménagées jusqu 'au canal afin de maintenir cet accès.»

Projet Adhoc, Verdun

Projet Adhoc, Verdun

À deux coins de rue de la station de métro Verdun, un immeuble attire le regard par son concept architectural original, signé par la société ADHOC Architectes. Il s'agit du projet Adhoc, un ensemble qui compte six unités, chacune ayant de 800 à 1200 pieds carrés. «En développant le concept, nous voulions poser un geste architectural dynamique, dit François Martineau, architecte chez Adhoc Architectes. L'ensemble est très contemporain. Il y a des parties de murs en métal foncé et d'autres en brique. L'effet recherché consistait à donner l'illusion que chaque étage est détachée afin de diluer la masse et donner l'impression que chaque étage est séparé.» L'édifice a quand même quatre étages de haut soit deux étages de plus que les immeubles voisins. Le quatrième étage est toutefois en retrait.

L'immeuble bénéficie également de grands espaces extérieurs, sous forme de balcons et terrasses. «L'espace intérieur ouvre sur l'extérieur, dit M. Martineau. Cela donne l'illusion que l'espace intérieur se prolonge vers l'extérieur.»

Le promoteur Knightsbridge se spécialise dans le développement de projets de 10 unités et moins, situé à des endroits densément peuplés sur l'ile de Montréal (Plateau Mont-Royal, Petite-Patrie, Verdun, etc.). «Le promoteur favorise toujours des emplacements situés près d'une station de métro et ne privilégie pas un ratio de stationnement d'une voiture pour une unité d'habitation, dit M. Martineau. Par exemple, dans le projet Adhoc, on compte trois espaces de stationnement pour six unités. Le stationnement sur rue est toutefois disponible aisément.»

Aquablu, Laval

Aquablu, Laval

Sur le bord de la rivière des Prairies, à Laval, un immeuble résidentiel haut de gamme se dressera fièrement (livraison de la phase I prévue pour le printemps 2016). Il s'agit des condos Aquablu, un projet totalisant 74 unités. Pour le réaliser, le promoteur Groupe Garabedian Lifestyle a requis les services du designer Alain Desgagnés, de la firme Innédesign et de l'architecte Jean-Pierre Bart.

Puisque l'édifice se trouvera sur le bord de l'eau, le promoteur a voulu en tirer parti. «Il souhaitait reproduire une station balnéaire, relate M. Bart. Pour que tous les occupants profitent de la vue sur la rivière, nous avons conçu un projet de forme triangulaire où toutes les unités ont une vue sur le cours d'eau, même les unités situées à l'arrière.»

Le design de l'édifice a aussi été pensé de façon à reproduire l'effet de l'eau. «La courbe des balcons fait penser à une vague d'eau et le verre des fenêtres et des garde-corps de balcons est teinté bleu comme la couleur de l'eau, dit M. Bart. Les balcons sont d'ailleurs très grands (jusqu'à 580 pieds carrés), ce qui donne l'illusion que l'intérieur se prolonge vers l'extérieur.»

Le design est épuré et lumineux. «Les fenêtres auront huit pieds de haut alors que le plafond se trouvera à 10 pieds du sol, ajoute M. Bart. Six unités de 1250 pieds carrés, appelées villas, donneront directement sur le bord de l'eau. Sur le basilaire, au-dessus de ces maisons, on trouvera une grande piscine et une aire de détente.»

Au rez-au-chaussée, on trouvera tous les espaces communs: salle de conditionnement physique, piscine et hall d'entrée grandiose.

En cours de conception du projet, M. Bart a dû d'ajuster aux besoins de la clientèle. «Beaucoup d'acheteurs voulaient avoir de plus grandes unités, dit-il. Des unités de 1 600 pieds carrés ont donc été combinés pour créer des unités de 2 300 pieds carrés. Les moins grandes unités se trouveront à l'arrière du bâtiment.» Mentionnons que les trois derniers étages d'Aquablu seront constitués de penthouses dont la superficie variera de 2 600 à 4 000 pieds carrés! Des logements assurément réservés à une clientèle fortunée.

Pour la phase II, le promoteur et l'architecte se sont ajustés pour répondre plus adéquatement aux besoins des clients. «Nous aménagerons de plus grandes unités, entre 1700 et 1900 pieds carrés dans le coin avant de l'édifice et de 1350 pieds carrés pour les unités qui seront situées à l'arrière.»

Pour le designer Alain Desgagnés, le projet Aquablu est à la fois sobre et raffiné. «On a misé sur la qualité des matériaux et l'aménagement intérieur est très design et moderne, dit-il. Bien que le client n'était pas préparé à un projet avec une composante design aussi développé, il s'est montrée ouvert et a endossé nos idées.»

La conception intérieure des unités a aussi bénéficié de soins particuliers. Elle sera composée d'accessoires et d'électroménagers de grande qualité (Miele, Bosch, Jenn-Air) et d'éviers et de robinetteries de marque Kohler. Les unités seront aussi de facture très moderne avec notamment système domotique, luminaires encastrés et plancher chauffant.

La description architecturale de ces immeubles est un petit échantillon, subjectif, de ce qui se fait d'original et de créatif dans la région de Montréal. D'autres projets imaginatifs auraient pu aussi figurer dans ce texte. Et rien ne dit que nous n'ajouterons pas d'autres projets ultérieurement.