Centropolis, Carrefour Laval, Station de métro Montmorency... Où se trouve donc le centre-ville de Laval, la troisième plus grande ville du Québec? On peut en effet se poser la question car contrairement à bien des villes québécoises, Laval ne possède pas de centre-ville clairement délimité.

Il y a cependant des raisons historiques à cela, selon Gérard Beaudet, professeur d'urbanisme à l'Institut d'urbanisme de l'université de Montréal. "En 1965, lors de la fusion des 15 municipalités de l'Île Jésus, presque chaque petit patelin avait son centre-ville, affirme M. Beaudet. Lorsqu'on a fusionné ces entités ensemble, on s'est retrouvé avec un territoire morcelé, avec des zones urbanisés à certains endroits et des zones agricoles entre les quartiers. Il fallait partir de zéro et créer un centre-ville à cette nouvelle entité."

Il y a eu des tentatives de création de centre-ville mais elles n'ont pas tenu leurs promesses. "Au début des années 1970, le centre-ville se trouvait entre le boulevard Saint-Martin et le boulevard du Souvenir, là où se trouve aujourd'hui le Palais de justice, relate M. Beaudet. Par la suite, ce centre s'est déplacé vers le Carrefour Laval. Depuis quelques années, avec le développement du Centropolis et l'inauguration de la station de métro Montmorency, ce centre a migré plus au sud."

centropolis

Le Centropolis, Laval

Aujourd'hui, M. Beaudet estime que le centre de Laval occupe un vaste territoire de 8 kilomètres carrés qui se situe de part et d'autre de l'autoroute des Laurentides, délimité au sud par le boulevard du Souvenir et au nord, par l'autoroute 440.  "On y trouve de tout, plusieurs grandes surfaces, des centres d'achat, des tours à condos, un Cégep, le campus lavallois de Université de Montréal, etc., dit M. Beaudet. Le tout dans un méli-mélo urbain et sans véritable plan d'ensemble.

Autour de la station de métro Montmorency 

Il y a quelques années, l'inauguration de la station métro Montmorency semblait prometteuse comme endroit pour créer un centre-ville à Laval. Il y avait (et il y a toujours) plusieurs terrains vacants autour qui laissait place à la conception d'un plan d'ensemble qui aurait pu favoriser le développement d'un véritable centre. Aujourd'hui, le campus lavallois de l'université de Montréal s'est même installé à côté de la station de métro et le complexe résidentiel Urbania (comptant 8 tours totalisant 800 logements) s'est développé à proximité (1000 autres unités sont aussi prévues à ce développement dans le cadre d'une phase II). Tout semble de bon augure. Mais Gérard Beaudet se montre très critique face à ce développement.

"C'est un développement très axé sur l'automobile, dit-il. On a permis la construction de grandes surfaces avec de vastes stationnements, il n'y a pas de services de proximité et les aménagements pour piétons sont rares."

On semble avoir raté à cet endroit une belle occasion de créer un TOD (Transit Oriented development), soit un endroit où l'on trouve tout près de la station Montmorency (à une distance accessible à pied), tous les services et commerces essentiels, des institutions d'enseignement ainsi que des habitations à haute densité.

Face à cela, M. Beaudet pose un verdict sans équivoque. "À Laval, on pratique un urbanisme de grands promoteurs immobiliers, dit-il. On ne fait que suivre le marché, sans une véritable volonté de développer un plan d'ensemble."